Conflit avec la papautéTrouvant sa source dans l'Ecriture, cette affirmation de la justification par la grâce seule (sola gratia), par la foi seule (sola fide), au nom du Christ seul (solus Christus) devient pour Luther puis pour la théologie luthérienne, le principe par lequel L'Eglise « s'élève ou chute ».
Cette compréhension de la foi déterminera la vision de l'Eglise de Luther. La question se pose en effet alors de l'autorité dans l'Eglise et de son rôle dans la médiation du salut. Partout où ce principe de la grâce seule était contesté, et où on exigeait des conditions supplémentaires au salut, Luther intervenait avec la plus grande vigueur. De même lorsque les exigences du Pape furent jugées incompatibles avec le « solus gratia » et le « solus Christus ». Bien que Luther ait clamé sa loyauté au pape dans la préface de 1518 des 95 thèses sur les indulgences, le conflit ne cesse de s'aggraver. Le professeur de Wittenberg souhaitait un débat académique avec le pape sur ce qu'il considérait comme une question théologique majeure, et qui ne concernait le pouvoir du pape qu'indirectement. Ce dernier sujet fût cependant immédiatement placé au centre du débat par ses opposants. La discussion sur les indulgences aboutit ainsi à un conflit sur l'autorité papale. Dans ce processus, Luther fût conduit à opter pour l'autorité des Écritures et contre le pape. En 1521 à la Diète de Worms, il refuse de se déjuger, arguant que le pape et les conciles pouvaient se tromper. Sa conscience et toute sa personne étaient liés désormais uniquement par la parole de Dieu. |
Diffusion de la Réforme en AllemagneEn dépit de l'édit impérial qui bannit Martin Luther et ses soutiens, son action réformatrice ne sera plus arrêtée. L'invention de l'imprimerie permet la diffusion de ses idées, rapidement et à vaste échelle. Les écrits de Luther sont publiés à grands tirages, les idées clés étant diffusées plus rapidement encore grâce à des tracts et des hymnes. Le souci de la réforme de l'Eglise trouve une oreille attentive chez de nombreux prêtres, et religieux, hommes et femmes, ainsi qu'auprès des humanistes.
Cette cause est aussi soutenue par certains princes allemands, pour des raisons qui ne sont pas uniquement théologiques. En 1526-1527, l'Électeur Jean de Saxe, et le Landgrave Philippe de Hesse sont les premiers à introduire les nouveaux enseignements, règles de discipline, et la pratique du culte en allemand sur leur territoire. D'autres principautés suivent, tel le Brandebourg, et des villes d'empire comme Nuremberg. Rien n'arrêtera ce mouvement. |
Apparition du terme "protestantisme"A la Diète de Speyer en 1529, les Etats catholiques décident dans le cadre d'un vote majoritaire de mesures à l'encontre des territoires protestants (représentés par 6 électeurs et 14 villes libres d'Empire). Ceux-ci expriment une protestation formelle, d'où le terme de « Protestantisme ».
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Débats doctrinauxUne nouvelle tentative pour sauvegarder l 'unité de l'Eglise et de l'Empire échoue à Augsbourg en 1530. Mélanchton a écrit pour l'occasion une confession de foi. Celle-ci doit démontrer le caractère orthodoxe de la foi des Etats luthériens ; la Diète ne peut que constater l'essor du sentiment confessionnel. La « Confessio Augustana », à l'origine un manifeste œcuménique deviendra en fait la principale confession du luthéranisme international. Au même moment Luther est engagé dans des débats avec Andreas Karlstadt, Thomas Münzer et Huldrych Zwingli, et le protestantisme se divise déjà en plusieurs tendances.
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Organisation des États luthériens en AllemagneLa paix d'Augsbourg en 1555, puis la paix de Westphalie en 1648 finissent par instaurer le principe de « cuius regio, eius religio », la confession des habitants d'un territoire sera celle de son dirigeant politique, sous peine de devoir émigrer. Ce principe, donnera de la stabilité à la réforme luthérienne, mais actera la division confessionnelle de l'Allemagne : Le Nord, l'Est et le centre deviennent largement luthériens, alors que le Sud demeure principalement catholique romain. Dans les Etats où les dirigeants ont adopté la nouvelle doctrine, de nouvelles structures ecclésiales apparaissent, dont ils deviennent les chefs, « summus episcopus ». Des conseils d'église assistent les souverains dans le domaine administratif. Les églises luthériennes acquièrent ainsi un caractère territorial.
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Les mouvements luthériens en AllemagneL'orthodoxie luthérienne traditionnelle, le piétisme, les Lumières, l'idéalisme, et le néo-luthéranisme du 19ème siècle, tous ces mouvements font appel à ces mêmes confessions, chacun à sa façon particulière.
Les théologiens orthodoxes du 17ème siècle cherchèrent à systématiser la théologie luthérienne en un corps de doctrine complexe mais cohérent (par exemple Johann Gerhard 1582-1637). Les piétistes voulurent briser ce corset formaliste et renouveller la piété personnelle et la vie chrétienne. Ils s'inspirèrent de Philippe Jacob Spener et de sa « pia desideria » de 1675. Le piétisme prit sa forme caractéristique à Halle (August Hermann Francke 1663-1727), Württemberg (Johann Albrecht Bengel, 1687-1752) et Herrnhut (Nikolaus Ludwig Comte Zinzendorf, 1700-1760). Pendant la période des Lumières, au contraire, des sujets comme le péché, la rédemption et l'éternité, tels qu'ils apparaissent dans les confessions, recueillent moins d'intérêt. L'accueil du rationalisme philosophique par la théologie protestante des Lumières conduit à une critique de la conception orthodoxe de l'inspiration biblique et à l'émergence de l'interprétation historico-critique des Écritures. |
De 1870 à 1918Dans l'Empire allemand (à partir de 1870), les structures d'églises territoriales demeurent jusqu'à la 1ère guerre mondiale. L'effondrement des structures étatiques en 1918 oblige les églises luthériennes à s'organiser indépendamment de l'Etat. Les frontières des églises régionales, bien qu'obsolètes ne furent pas vraiment affectées, mais il était nécessaire de réécrire les constitutions de l'Eglise et de veiller à leur application.
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Le luthéranisme et la période nazieEn 1933 le part national-socialiste prend le pouvoir sans que l'Eglise ne présente un front uni face au régime nazi. Même les chrétiens confessants, ceux qui résistèrent à l'emprise de l'Etat sur la gestion interne de l'Eglise, ont pu pour certains soutenir le parti nazi et l'antisémitisme.
Les Eglises régionales de Bavière, du Wüttemberg, et de Hanovre parviennent à éviter l'intégration dans « l'Eglise du Reich » dont les membres, « chrétiens allemands » prônent l'idéologie nationaliste. La conséquence pour ces Eglises fût un jeu de manœuvres tactiques vis à vis de l'Etat nazi. Des structures alternatives de l'Eglise confessante sont demeurées à l'intérieur des églises régionales affiliées. Les églises luthériennes non affiliées et leurs conseils intensifient leurs coopération au delà des frontières régionales à partir de 1936 dans un « Conseil luthérien ». Parallèlement, le travail de l'Eglise confessante conduit à une coopération sans précédent avec les Eglises réformées et les Eglises unies [1] . Ces temps de jugement et de résistance permirent même le rapprochement amical et la fraternisation spirituelle entre chrétiens protestants et catholiques. L'épisode des martyrs de Lübeck (trois prêtres catholiques romains et un pasteur luthérien) dont le souvenir est toujours commémoré ensemble en est une illustration. |
Création de la Fédération Luthérienne MondialeCe n'est cependant qu'au milieu du 20ème siècle qu'une communion d'Eglises globale fût instaurée. Le souci d'une prise de responsabilité commune au delà des frontières, et d'une mise en commun de ressources et de moyens financiers était auparavant quasiment inexistant. Le sentiment national prédominait dans la plupart des Eglises, notamment dans les Eglises germaniques.
Le désastre de la seconde guerre mondiale modifia radicalement la donne, et bientôt fût fondée une organisation luthérienne commune, la Fédération Luthérienne Mondiale (« Lutheran World Federation » ou « FLM ») à Lund en 1947. L'objectif en est le témoignage commun en l'Évangile de Jésus-Christ et la recherche de l'unité dans la foi. Il s'agit aussi de renforcer les liens amicaux entre luthériens, leur sens missionnaire et leur engagement dans l'œcuménisme. |
Communion des Églises au sein de la Fédération Luthérienne MondialeLongtemps la FLM fût définie comme une simple association d'Eglises luthériennes indépendantes et on s'était abstenu de qualifier plus précisément son rôle ecclésial ainsi que la relation des Eglises membres entre elles. Les échanges conduisirent ensuite à l'idée de passer de la simple référence commune à la confession de foi luthérienne à un engagement d'Eglise accru. Lors de la 8ème assemblée en 1990 à Curitiba, la relation de la FLM avec les Eglises a été redéfinie comme une communion d'Eglises.
« La Fédération luthérienne mondiale est une communion d’Églises qui confessent le Dieu trinitaire, s’accordent dans la proclamation de la parole de Dieu et sont unies dans la communion de chaire et d’autel. La Fédération luthérienne mondiale confesse l’Église une, sainte, catholique et apostolique et s’affirme résolue à servir l’unité des chrétiens partout dans le monde » (Article 3 de la constitution) ». L'intitulé de la FLM comprend désormais le terme « Communion d'Eglises ». |
Les Églises luthériennes au sein de la FLM
La Fédération compte désormais 145 Eglises dans 98 pays avec 74 millions de membres (chiffres de 2016). Les principales sont « L'Eglise Évangélique Éthiopienne Mekane Yesus » avec 7,9 millions de membres et « L'Église Évangélique Éhiopienne de Tanzanie » avec 6,5 millions de membres, qui ont connu toutes deux une croissance considérable au cours des dernières années, suivies par l'Eglise de Suède avec quelques 6,3 millions de membres.[2]
En contraste, des Eglises comme « l'Eglise Évangélique de Jordanie et de Terre sainte », ou « l'Eglise Chrétienne Luthérienne du Honduras » comptent respectivement seulement 3 000 et 1 700 membres.
L'organe dirigeant de la FLM est son Assemblée, qui se tient habituellement tous les six ans (dernièrement à Hong Kong en 1997, à Winniperg en 2003, à Stuttgart en 2010, à Windhoek en 2017). le bureau de la FLM se trouve à Genève. En plus de favoriser l'unité intra-luthérienne, les responsabilités courantes de la FLM comprennent le dialogue inter-confessionnel international, la réflexion théologique, la mission et le développement, en lien avec le secours aux réfugiés et aux sinistrés.
Cette prise de conscience a conduit à mettre en valeur, à l'intérieur de la FLM des zones géographiques (Afrique, Asie, Europe centrale et orientale, Europe occidentale, Amérique latine et Carraïbes, Europe du Nord, Amérique du Nord), soit autant de forums afin que les Eglises membres puissent développer des positions spécifiques et contribuer ainsi à la communion mondiale.
Les autres Eglises luthériennes, particulièrement attachées aux confessions de foi et à une interprétation conservatrice de la tradition se sont rassemblées en 1993 pour former le Conseil Luthérien International. Celui-ci compte 35 Eglises membres avec environ 3,3 millions de chrétiens. L'Eglise Évangélique Luthérienne Indépendante allemande en est un des membres.
D'après la brochure
Lutheran World Federation -German National Committee. Lutheran – Reformed – United. A pocket Guide to the Denominational Landscape in Germany. 2017
[1] Eglises issues du rapprochement au 19ème siècle entre réformés et luthériens
[2] En Allemagne, les Eglises Luthériennes régionales (au niveau des Länder) sont affiliées individuellement à la FLM. Elles comptent 11,6 millions de membres au total. La première d'entre elles est l'Eglise de Hanovre avec 2,7 millions de membres.
En contraste, des Eglises comme « l'Eglise Évangélique de Jordanie et de Terre sainte », ou « l'Eglise Chrétienne Luthérienne du Honduras » comptent respectivement seulement 3 000 et 1 700 membres.
L'organe dirigeant de la FLM est son Assemblée, qui se tient habituellement tous les six ans (dernièrement à Hong Kong en 1997, à Winniperg en 2003, à Stuttgart en 2010, à Windhoek en 2017). le bureau de la FLM se trouve à Genève. En plus de favoriser l'unité intra-luthérienne, les responsabilités courantes de la FLM comprennent le dialogue inter-confessionnel international, la réflexion théologique, la mission et le développement, en lien avec le secours aux réfugiés et aux sinistrés.
Cette prise de conscience a conduit à mettre en valeur, à l'intérieur de la FLM des zones géographiques (Afrique, Asie, Europe centrale et orientale, Europe occidentale, Amérique latine et Carraïbes, Europe du Nord, Amérique du Nord), soit autant de forums afin que les Eglises membres puissent développer des positions spécifiques et contribuer ainsi à la communion mondiale.
Les autres Eglises luthériennes, particulièrement attachées aux confessions de foi et à une interprétation conservatrice de la tradition se sont rassemblées en 1993 pour former le Conseil Luthérien International. Celui-ci compte 35 Eglises membres avec environ 3,3 millions de chrétiens. L'Eglise Évangélique Luthérienne Indépendante allemande en est un des membres.
D'après la brochure
Lutheran World Federation -German National Committee. Lutheran – Reformed – United. A pocket Guide to the Denominational Landscape in Germany. 2017
[1] Eglises issues du rapprochement au 19ème siècle entre réformés et luthériens
[2] En Allemagne, les Eglises Luthériennes régionales (au niveau des Länder) sont affiliées individuellement à la FLM. Elles comptent 11,6 millions de membres au total. La première d'entre elles est l'Eglise de Hanovre avec 2,7 millions de membres.